— Au revoir Horace, pense à bien te laver les dents, le sourire c'est important ! s'exclame-t-elle en secouant ses tâches de rousseur d'un éclat de rire, sa main déjà dans celle de Basil. Lorsqu'elle est arrivée en première année à Poudlard, Charlie avait entendu Alison imiter le concierge et ses conseils d'hygiène balancés aux plus jeunes entre deux couloirs et s'était aussitôt prise au jeu d'en promulguer à son tour pour lui rendre la pareille.
Très vite, son camarade Gryffondor accélère le pas, et l’apprentie sorcière le suit sans réfléchir, amusée par la course qui libère un peu son énergie restée ligotée pendant tout le temps qu'ils ont passé à l'étude. Leurs phalanges blanchissent les unes contre les autres jusqu'à la porte du laboratoire de photo. Charlie lâche la main de Basil et écoute la consigne, un doigt sur ses lèvres rieuses à son tour, en miroir au geste du blond cendré. Ok promis, chuchote-t-elle en abandonnant son sac sur le sol à peine le seuil franchi et la porte refermée derrière eux.
— Woh ! souffle immédiatement Charlie, impressionnée par la pénombre rouge qui donne une ambiance inédite au laboratoire. Ses pupilles se dilatent, sa chevelure devient foncée et ses tâches de rousseur semblent disparaître, absorbées derrière l'onde chaude de la lanterne ensorcelée. À côté de Basil, elle parcourt d'un regard curieux les bacs, puis lève la tête et dévore les images animées suspendues aux fils. Son attention retourne vers le troisième année et ses explications que Charlie écoute attentivement, les bras dans le dos.
Elle l'observe passer en revue les bacs, admirative de le voir si passionné, comme absorbé par son sujet. Charlie s'approche derrière Basil et fixe le paysage enneigé qu'il lui présente. J'me rappelle du weekend où les profs étaient venus jouer à la bataille de neige avec nous, à la fin ils prenaient même leurs baguettes pour lancer des sortilèges et j'avais pris une boule qui m'avait donné les cheveux bleus ! -oh pardon ! se reprend-elle aussitôt en baissant d'un ton, les mains contre sa bouche. C'est une très jolie photo ! ajoute finalement la pré-adolescente, sincèrement enthousiaste. Elle jette un œil à Basil qui scrute encore sa photographie, et décide spontanément d'embrasser sa joue.
— Merci Basil Banks de m'avoir montré ton endroit secret, murmure alors Charlie avec douceur avant de s'éloigner et poursuivre sa découverte des clichés, soudain émerveillée de remarquer des créatures parmi les portraits d'étudiants réfugiés. Un jour on a trouvé un botruc blessé chez moi quand j'étais petite. On l'a soigné, j'me souviens qu'il se cachait dans mes cheveux. Il est trop mignon, celui que t'as là !
Elle oublie de chuchoter, remet ses mains sur ses lèvres et retient un rire idiot. Pardon encore ! Décidément, Charlie n'est pas la meilleure pour appliquer une consigne aussi simple que se taire. D'ailleurs, elle continue en regardant l'écureuil qui remue son nez.
— Tu pourrais photographier Lord Ribbit si tu veux. C'est mon craa-paud. Alison avait déjà une chouette, alors moi j'ai pris un crapaud. Ça te dégoûte toi ?