Poudlard Le Château Salles de Cours [En Cours] Convocation de Freya Carter

Freya Carter , Bureau de Daryl Brooks, le 06/10/2124

Deux semaines se sont écoulées depuis que Freya Carter a reçu une convocation du professeur de potions à Poudlard, et directeur de Gryffondor. Deux semaines chargées, pendant lesquelles l'aînée des trois sœurs a couru partout, en rendez-vous avec les fédérations sportives et les différents fournisseurs des matières composant ses nouveaux balais. Dans 5 jours, elle signe officiellement le partenariat entre Owen Carter Quidditch et les Catapultes de Caerphilly, faisant d'Elliot Blackburn son égérie et assurant probablement la pérennité de l'entreprise pour plusieurs années. Le compte à rebours l'angoisse et la stimule. Mais davantage, l'échéance proche tient Freya à l'écart des responsabilités parentales dont elle a hérité officieusement à 14 ans.

 

Rien n'oblige la plus grande fille d'Owen et Kate à conserver le rôle qu'elle tient au coeur de la sororité. Aucun papier n'atteste d'un quelconque tutorat entre elle, Alison, et Charlie. 

 

Pourtant, la voici pressant le pas dans le hall du chateau, l'air préoccupé, prêtant si peu d'attention aux portraits qu'elle a longtemps côtoyé. Il est fréquent de voir la rousse fouler le terrain de Quidditch en raison du contrat établi par Owen Carter lui-même alors qu'elle n'était encore qu'un bébé. Pour remercier l'école de l'avoir éduqué et propulsé au rang de sportif à haut niveau en toute bienveillance, il fournirait des balais à moindre coût, et d'excellente qualité. Même après la disparation de Kate, ou maintenant qu'Owen déserte l'Angleterre, le contrat subsiste, aussi symbolique qu'essentiel.

 

Un peu de son père demeure là, et Poudlard peut se targuer d'être une pépinière à jeunes talents.

 

— Euh, tu fais quoi là ?

— Salut Alison, enchantée de te voir aussi. 

— Tsss. Nan mais t'fais quoi ?

— J'ai rendez-vous avec Monsieur Brooks. 
— Oh nan vas-y, mais quel connard ! Il t'a dit quoi ?

— Q-Quoi ? Quoi, il m'a dit quoi ? J'viens parler d'ta sœur !
— Hein ?! Oh. Nan bah rien. Elle a quoi ?
— Toi, qu'est-ce que t'as Alison ? On pourra discuter un jour de ce qu'il se passe dans ta tête ? 
— Ouais, mais achète-moi d'abord un kit de runes neuf. J'ai des examens à la fin de l'année j'te signale. Le mien date de ton époque ! 

— Alison ! 
— Freya. 
— Bon, tu viendras chercher tes colis, on a reçu plein de hiboux de correspondance cette semaine.

— Baaah, t'aurais pu m'les envoyer ! Moi j'ai pas l'temps et on a DEUX hiboux pour ça !

— Ils sont à l'appart, point. Si tu les veux, tu viens.

 

L'écho des Carter cesse de résonner au milieu des cachots quand Alison disparaît derrière le mur de sa salle commune, visiblement agacée. Reste une Freya aux joues plaquées d'un rouge nerveux, qui rajuste ses cheveux habituellement en bataille avant de relire l'entête du courrier indiquant le bureau à côté de la salle de potions. Elle ignore quelques petits élèves agités, se rend devant la porte, et toque, en retard d'environ 10 minutes, une angoisse indéfinissable au ventre. 


Daryl Brooks , Bureau de Daryl Brooks, le 06/10/2124

Brooks avait l'habitude que ses élèves ne soient pas très ponctuels. Mais qu'il en aille de même avec les familles qu'il convoquait, voilà qui ne le mettait guère de bonne humeur. Il n'attendait évidemment pas la venue de Freya Carter sans ne rien faire, mais il détestait l'idée de s'interrompre au milieu de la correction d'une copie. Voilà pourquoi lorsque Freya Carter toqua enfin à sa porte, il se contenta de l'ouvrir d'un geste du poignet sans quitter son bureau, la pointe de sa plume grattant toujours le commentaire assassin qu'il était en train d'y annoter.

 

- Entrez, je vous prie. Bonjour Miss Carter. Deux petites minutes et je suis à vous, annonça-t-il sans relever les yeux de ce qu'il notait.

 

Bientôt, le commentaire fut suivi de la note flamboyante de D, entourée d'un cercle vif, avant qu'il ne dépose le parchemin désolant sur la pile de ses corrections. Il se leva alors pour se pencher en avant, tendre une main volontaire à la jeune femme pour la lui serrer, accompagnant le tout d'un léger sourire avant de lui désigner le fauteuil en face de son bureau afin qu'elle puisse s'y asseoir.

 

Il avait longuement songer à la manière d'aborder le sujet avec la soeur aînée de Charlie Carter. Il n'était pourtant jamais parvenu à une façon agréable de dire ce qu'il avait à dire. Il avait donc décidé d'opter pour une clarté exemplaire, aussi crue puisse-t-elle paraître, afin d'être certain d'être sur la même longueur d'onde : le bien-être de Charlie.

 

- Je vous ai demandé de venir afin de discuter de votre soeur, Charlie. J'ai cru comprendre que vous vous occupiez d'elle d'avantage que votre père, aussi ai-je préféré m'adresser à vous directement. Charlie prend des philtres de paix régulièrement pour l'aider à dormir, vous êtes apparemment au courant ? demanda-t-il sans plus ample préambule.

 

Puisqu'elle était celle qui fournissait sa petite soeur, elle ne pouvait qu'être au courant. A moins que ladite petite soeur n'ait menti, auquel cas le problème serait plus important encore que ce qu'il pensait à la base.

 

- Ces philtres sont hautement addictifs. Leurs effets sur une personne aussi jeune que votre soeur peuvent être dévastateurs. 

 

Les mots étaient lâchés, et son regard perçant scrutait la jeune femme en face de lui avec une attention toute particulière. Celle-là même qu'il avait lorsqu'il faisait encore partie des forces de l'ordre du Ministère et qu'il devait interroger un suspect. Il y avait des habitudes dont il était très difficile de se défaire.

 


Freya Carter , Bureau de Daryl Brooks, le 06/10/2124

"quel connard !" - la voix d'Alison résonne à son esprit quand Freya passe le seuil du bureau avec l'impression étrange de revenir à l'âge de sa scolarité. Bonjour, euh- oui bien sûr, bafouille-t-elle en se demandant si Monsieur Brooks pourrait, effectivement, être un connard.

 

Jusqu'à maintenant sa sœur n'insultait pas les professeurs, et ça convenait à Freya. "Petits enfants, petits problèmes, grands enfants, grands problèmes", répétait une vieille commerçante de Pré-Au-Lard à son père lorsqu'elle était plus jeune et qu'il se vantait d'avoir une gamine adorable. Mais Freya est restée cette gamine aimable, contrairement à sa sœur qui a le temps d'expérimenter une adolescence chaotique pour le grand bonheur de l'aînée Carter.

 

La combinaison convocation + connard + ce magnifique D rouge qu'il entoure sèchement n'inspire pas l'héritière de OCQ. Elle grimace intérieurement, pose sa veste sur le dossier du fauteuil qui fait face au potionniste, et s'assoie en commençant à imaginer plusieurs scénarios qu'elle balaye de sa tête nerveusement. 

 

Les premiers mots du professeur lui rappellent son statut officieux dans la famille. Freya opine du menton, concentrée, ses mains triturant les poches situées au milieu des cuisses de son pantalon cargo. Puis le talon de sa Rangers arrête de tapoter le sol quand Brooks énonce les philtres de paix.

 

— Mhmh, affirme-t-elle sans grande conscience de l'enjeu, attendant de comprendre où l'homme veut en venir, jusqu'à ce qu'il parle d'addiction et qu'elle fronce ses sourcils. Oui, euh- on m'a prévenue. On lui a dit qu'c'était temporaire. Le commerçant qui les vend travaille avec un alchimiste, ajoute la jeune femme en bravant les yeux scrutateurs de Daryl. Elle s'est renseignée, comme le ferait une personne responsable, et ne peut qu'être honnête face à lui. 

 

— Charlie est sensible. Ça allait bien jusqu'à cette année mais elle a du mal à grandir, on dirait qu'elle se perd en questions et en inquiétudes inutiles, elle cogite, elle s'arrête jamais de penser, et du coup, elle dort mal, explique Freya, l'air soucieux. Le directeur semble loin d'être un connard à cet instant. Aussi, la rousse se confie davantage. C'est juste en attendant que son- notre père rentre, et pouvoir en parler avec lui.

 

Un lapsus révélateur du poids porté par l'aînée Carter, devenue moteur d'une famille à 14 ans. 


Daryl Brooks , Bureau de Daryl Brooks, le 06/10/2124

La réponse donnée par l'aînée des Carter était malheureusement plus que prévisible, et Daryl s'attendait à la recevoir. Croire que tout pouvait s'arranger d'un coup de baguette magique, ou, dans ce cas, en avalant une potion, c'était vivre dans un monde merveilleux qui n'existait malheureusement pas. Et si beaucoup auraient mis la naïveté de Freya Carter à ce propos sur le compte de sa jeunesse, Daryl était bien placé pour savoir que nombreux étaient les sorciers expérimentés à penser la même chose.

 

Malheureusement, aussi utile la magie pouvait-elle s'avérer au quotidien, elle n'était qu'une aide, en aucun cas elle ne pouvait faire disparaître les problèmes profonds. Elle pouvait simplement en masquer les symptômes pendant un certain temps, jusqu'à ce qu'ils ne deviennent trop encombrants pour continuer à être ignorés. Et c'était exactement ce qu'il se passait en donnant des philtre de paix à cette pauvre gosse de treize ans, au lieu de s'en prendre à la racine du problème.

 

Brooks n'avait en aucun cas l'intention d'enfoncer Freya qui, il était évident, faisait de son mieux. Elle était sûrement dépassée par la charge de deux adolescentes, et personne ne pouvait l'en blâmer, surtout pas lui qui se les coltinait dans ses salles de cours à longueur de journée. Aussi, pour une fois, prit-il le temps de mettre les formes pour ce qu'il avait à dire.

 

- Je ne doute pas que vous vous soyez entourées de professionnels avant de donner cette potion à Charlie. En revanche, comme vous le soulignez si bien, les angoisses de votre soeur - ou sa sensibilité si vous préférez - ne viennent pas de nulle part. Et je ne pense pas qu'un philtre de paix soit la solution. D'autant plus que d'ici à Noël... Elle ne pourra plus s'en passer, je peux vous l'assurer.

 

Lui-même avait pris nombre de ces philtres lorsqu'il avait cessé d'être tireur d'élite. Et se défaire de leur emprise par la suite a été un véritable calvaire. D'un geste de la main, il fit léviter deux verres qu'il remplit d'eau avant d'en laisser un flotter devant la jeune femme si jamais elle désirait s'hydrater. Lui-même prit le temps de boire quelques gorgées avant de reprendre.

 

- A-t-elle déjà consulté un psychomage ? A défaut de pouvoir parler avec votre père rapidement, cela pourrait l'aider. L'aider réellement, et pas seulement en surface comme un philtre de paix.